Une école ferme…

L’historien du sensible, Alain Corbin, a montré, dans son livre Les Cloches de la terre, toute l’importance des cloches dans notre paysage sonore. De tout temps, la vie des villages a été rythmée par des sons. Ainsi dans mon village, le train de 7 h 20 nous prévient qu’il est temps de partir au boulot et les cris des écoliers pendant la récréation annoncent le milieu de la matinée. Ou du moins annonçaient… Car la ligne de chemin de fer vient de fermer, ainsi que l’école. S’il faut reconnaître que les voyageurs du train se comptaient sur les doigts d’une main, l’école de Breny qui faisait partie d’un regroupement pédagogique avec deux communes voisines accueillait l’an passé dix-sept élèves. Le regroupement scolaire, qui désormais n’aura plus qu’une seule école, en attendant sans doute sa fermeture dès l’an prochain, existait depuis les années 1970. A l’époque, il fallait regrouper pour mettre fin aux classes uniques (regroupant des élèves de plusieurs cours). Des études montrèrent par la suite que les résultats pédagogiques n’étaient pas plus mauvais (voire meilleurs) que dans les classes à un seul cours.

La fermeture d’une école est toujours un traumatisme pour tout le monde. La vie d’une école est par tradition l’affaire de tous, en établissant des liens de coopération entre les instituteurs, les parents, les élèves, la mairie, les associations… D’autant plus dans des communes où la vie associative est quasi-inexistante. L’école est alors le dernier lieu du lien social pour des habitants qui, souvent, travaillent à l’extérieur. Mais qui s’en soucie dans une urbanité galopante où le monde  rural devient si marginal, notamment parmi les élites, qu’au moment du tragique assassinat du Père Jacques Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray, certains médias audiovisuels utilisèrent la qualificatif de village pour évoquer une ville qui compte tout de même 28 000 habitants !, soit autant que notre chef-lieu de département, Laon !