Renaissance rurale ?

La semaine passée Le Monde publiait une enquête titrée « La prospérité à la campagne » et une carte des territoires en bonne santé, mettant en exergue quelques espaces ruraux particulièrement dynamiques comme la Vendée, le Choletais, le Lot, la Maurienne… L’on retrouvait à peu près ces mêmes territoires dans le hors-série d’Alternatives économiques publié il y a quelques mois et titré : « Les campagnes sont de retour ». Des dossiers à contre-courant ans du contexte ambiant, où l’on a tendance à penser de façon binaire l’opposition entre métropoles et déserts ruraux. Certes les métropoles concentrent de plus en plus la croissance, l’emploi et la richesse, mais les campagnes n’ont pas dit leur dernier mot. L’exode urbain supplante désormais l’exode rural du fait de l’attrait du soleil et de la mer pour les retraités, de la quête d’une meilleure qualité de vie ou de mode de vie alternatif pour de plus jeunes, mais aussi des activités économiques qui ont su s’adapter. Ainsi le Choletais qui a surmonté la crise de textile, les Herbiers et son tissu de PME, la vallée de la Drôme et ses plantes aromatiques et médicinales, le bassin de Vitré avec moins de 5 % de demandeurs d’emploi, la Maurienne et le tourisme, les terroirs AOP fromagères ou viticoles…, et j’en passe. Chacun cultivant sa singularité et ses atouts. Car ce qui a réussi là ne réussira pas forcément ailleurs ! Il n’y a pas de modèle miracle, tant la France des campagnes est diverse, mais elle est dans l’air du temps : qualité de vie, terroir, écologie, innovations en tous genres… Il y a 30 ans, le géographe et sociologue Bernard Kayser annonçait dans La Renaissance rurale « la fin de la tendance séculaire à l’abandon des campagnes ». « Dans le grand bouleversement de la hiérarchie des valeurs, ajoutait-il, la culture paysanne autrefois méprisée, n’apparaît-elle pas comme un recours lorsque s’emballe dans sa fuite en avant la civilisation moderne ? C’est peut-être en définitive, le meilleur signe de reconstitution de la vitalité des campagnes. » Prémonitoire ?