Les couleurs du vivant

Si nous devions choisir une couleur pour traduire la morosité actuelle, sans doute pencherions-nous vers le gris. Alors pour y échapper, en cette période estivale, émerveillons-nous avec les couleurs de la nature. Ingénieur-chercheur à l’INRAE, Frédéric Archaux propose, dans un livre Toutes les couleurs de la nature (1), un passionnant voyage scientifique pour montrer l’importance des couleurs dans la nature. « Les couleurs, écrit l’auteur, jouent un rôle absolument central dans la survie et la reproduction de tous les êtres vivants. »

Ainsi, jouent-elles un rôle dans la séduction sexuelle, du rouge intense de la crête du coq qui n’est sans influence sur le choix des poules, à la queue multicolore et démesurée du paon. Les fleurs jaunes attirent guêpes, mouches et fourmis tandis que les papillons prisent les fleurs roses et les abeilles les fleurs violettes. Si le vert, couleur de la chlorophylle et de la photosynthèse, est ultradominant dans la nature, le bleu, couleur préférée des Français est peu présent : seuls 1% des espèces animales « portent » du bleu. Chez les humains, les yeux bleus sont apparus récemment (au néolithique), tout comme les cheveux blonds.

La couleur joue aussi un rôle important dans la survie des espèces via le camouflage, au point que l’auteur se demande si la sélection naturelle n’a pas entraîné l’uniformisation de la couleur verte des plantes, pour permettre à chacune d’elles d’être camouflée par les autres aux yeux de leurs ennemis. Dans ce contexte, on peut s’interroger sur le pelage roux du chevreuil étonnamment voyant dans la nature…  C’est oublier que ses prédateurs, félins et canins, ne distinguent pas le roux du vert. Car chaque espèce à sa vision des couleurs. Le processus physiologique complexe, né d’interactions entre la lumière et la matière, les yeux et le cerveau, les photons récepteurs sur la rétine envoyant des signaux électriques au cerveau, qui les traduit par des couleurs. Une affaire de longueur d’ondes magnétiques ! en quelque sorte. Ainsi nous, les humains, ne percevons pas les ultraviolets (ni les infrarouges) alors que les vaches, les chiens, les chats, les perçoivent.

1/ Editions Quae – 150 pages – juin 2025 – 23 €.