Souvent les études sur la ruralité font preuve soit d’un excès d’optimisme, soit d’excès de pessimisme, selon que l’on privilégie le rural péri-urbain ou le rural profond. L’étude « Paroles de campagne : Réalités et imaginaires de la ruralité française » menée par le laboratoire d’idées Destin commun avec les associations Bouge ton coq, Insite et Rural, échappe à ce constat. Certes elle ne nie pas les contraintes du monde rural (dans l’accès aux services publics, aux soins et aux commerces de proximité, l’éducation des enfants, le coût de la mobilité et de la précarité énergétique) ; ce que les auteurs de l’étude nomment le « malus rural ». Mais ce qu’ils mettent en exergue, c’est ce sentiment d’abandon de la part des institutions et des médias qui nourrit l’impression de ne pas appartenir au récit dominant conçu dans les métropoles. Le tout alimenté par des clichés tenaces et caricaturaux sur les campagnes et leurs habitants.
Aussi les auteurs considèrent-ils comme une nécessité démocratique de dépasser ce ressentiment, facteur d’une triple perception d’injustice (politique, culturelle et économique), et de « reconnaître la ruralité non comme un monde à part, mais comme une composante à part entière de la société française ». D’autant que, face aux défis futurs, la ruralité possède des atouts : une économie de proximité et d’ingéniosité (faire avec moins, gérer localement, adapter les usages). « La ruralité, conclut l’étude, est l’un des rares modèles de territoires perçus comme porteurs de stabilité, de solutions concrètes et de cohérence à long terme. Ce n’est pas la France d’hier, mais un laboratoire pour demain. » Ce, dans une France que l’on dit fragmentée, alors que l’étude souligne les convergences entre ruraux et citadins, sur le futur des territoires et du pays. Ce que confirmait, le 4 juin dernier, une journée nationale sur la cohésion territoriale, où maires ruraux et de villes de banlieues se retrouvaient dans une vision commune d’un avenir à la fois plus respectueux de l’environnement, plus juste et plus humain.
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