La femme est l’avenir de l’homme

Vandana Shiva, l’une des voix de l’altermondialisme, était en France, ces derniers jours, pour présenter son livre d’entretiens avec Lionel Astruc, Vandana Shiva, pour une désobéissance créatrice. Cette philosophe indienne, docteure en physique quantique et adepte de Gandhi, née il y a 62 ans, aux pieds de l’Himalaya, est une militante écologiste de la première heure. Dès les années 1970, elle s’engage dans la lutte pour la préservation des forêts. Son combat prend une autre dimension, lorsqu’elle découvre en 1987 le projet d’industriels semenciers de breveter le vivant. Elle fonde à Dehradun, une ferme biologique, à la fois conservatoire de graines vivantes et centre de formation agro-écologiste, et défend le droit des peuples à définir leurs propres méthodes agricoles et leur système nourricier. Depuis elle n’a cessé de combattre ces multinationales qui la traitent de « dangereuse affabulatrice » et de « démagogue ». Prix Nobel alternatif, elle est aujourd’hui l’une des femmes à la fois les plus adulées et les plus décriées de la planète. Son combat ressemble beaucoup à celui mené, il y a plus de 50 ans, par la biologiste américaine, Rachel Carson, auteur d’un best-seller paru en 1962, Le Printemps silencieux, qui dénonçait les ravages occasionnés par le DDT sur la faune sauvage. Elle fut, elle aussi, attaquée par les industriels de la chimie, qui la traitèrent de « folle, à la solde du KGB ». Malgré tout ce livre aura une influence considérable dans l’émergence du mouvement écologiste et le DDT sera interdit d’utilisation aux Etats-Unis, puis en Europe, mais pas en Afrique. L’Afrique justement, celle de la Kényane Wangari Maathai, première femme africaine à obtenir le Prix Nobel de la paix, pour son action en faveur de la reforestation et son combat pour les droits des femmes, attaquée régulièrement par les autorités de son pays. Rachel Carson, Wangari Maathai, Vandana Shiva, trois femmes, trois destins qui illustrent bien cette maxime d’Aragon : « La femme est l’avenir de l’homme » popularisée par Jean Ferrat.