Annus horribilis : troisième épisode

Comme une étoile filante, mais dans un ciel si peu étoilé, chargé d’humidité comme pour dire sa tristesse, Marie-Luce, voisine et amie, s’en est allée brusquement, une semaine juste avant Noël. Elle aimait cet environnement lumineux et merveilleux, coloré et enguirlandé, entourant Noël qu’elle préparait joyeusement avec les enfants de l’école d’Oulchy où elle était assistante scolaire. Elle avait entamé la cinquantaine avec du dynamisme à revendre, une folle envie de vivre et, il y a encore à peine trois mois, des tas de projets en tête, notamment de voyages. Elle savait sa maladie incurable et masquait ses souffrances par de l’humour, tendance franche rigolade, pour protéger ses proches. Fatiguée, elle semblait infatigable. Grande gueule souvent en révolte, elle avait un caractère sans nuances, du genre déterminé, qui ne laissait pas indifférent ! Elle avait ce côté chef de troupe chez les scouts (qu’elle n’a jamais été). Lorsqu’elle donnait des cours d’équitation, on entendait  ses ordres et ses remarques d’une voix perçante une centaine de mètres alentour. Elle possédait aussi cette force de conviction à vous embringuer dans des aventures que vous n’auriez jamais imaginées. Comme cette randonnée à cheval autour des lacs du Jura en juin dernier, cinq mois à peine avant son décès, avec sa fille Lucie et Marie-Christine, qui n’était pas vraiment prête pour ce genre d’aventures. Elle n’était pas croyante. Plutôt agnostique qu’athée, elle croyait aux forces de l’esprit et avait une foi inébranlable en la vie, que n’ont pas bien des croyants. Quelle belle leçon de courage et de joie de vivre, elle nous a donnée, particulièrement au cours des deux dernières années ! Comme un cadeau de Noël.