Annus horribilis : deuxième épisode

Fin septembre, mon curé, un béninois qui effectue actuellement une formation sur la communication et la médiation en entreprise à la Catho de Paris me demande de l’aider pour trouver un stage. Je me propose de contacter Emmaüs France. Au téléphone, mon interlocuteur, que je connais depuis quinze ans, m’annonce qu’Emmaüs recherche un délégué à la communication. Je pense en moi-même : c’est la providence ; en rendant un service à un ami, je découvre cette offre d’emploi qui, je le pense, me correspond totalement, moi qui cherche à donner du sens à ma vie professionnelle. Aussitôt, j’adresse mon CV directement à la déléguée générale d’Emmaüs-France, contournant ainsi l’agence gérant le recrutement, qui, vu mon âge avancé, me retoquera automatiquement. Après coup je lis tout de même l’annonce sur Internet. Une page dense d’un verbiage « marketing »  à vous donner des migraines. La communication, avais-je appris, il y a bien longtemps, c’est éviter de faire compliquer quand on peut faire simple. Heureusement je n’avais pas lu l’annonce avant d’envoyer mon offre de service. Sans doute ne l’aurais-je pas envoyé si je l’avais lue. Malgré tout je suis convoqué et rencontre la déléguée générale et le président d’Emmaüs-France. L’entretien est cordial. J’ai même l’impression de mieux connaître le mouvement que mes interlocuteurs, fort des 300 ou 400 entretiens que j’avais eu au cours de cette année passée au sein des communautés Emmaüs. J’exprime un certain nombre d’idées, mais j’ai l’impression que mes interlocuteurs n’ont qu’une obsession : les réseaux sociaux. La déléguée générale me demande mon avis sur cette trouvaille d’une agence pour les réseaux sociaux le slogan « J’emmaüs », que je ne trouve pas génial du tout. Je me souviens alors  de mes premières rencontres en 1999 avec le responsable de la communication, un bénévole en retraite, Jean-Louis Pouyer, qui faisait plutôt bien son métier. En quinze ans, comme le monde a changé. Là où il est désormais, l’abbé Pierre doit se dire : « Moi je faisais le job tout seul ! », et, dois-je ajouter, avec un immense talent. Un mois et demi plus tard, quelqu’un a été recruté. Mes interlocuteurs m’avaient promis une réponse dans un délai de deux semaines. Je n’ai jamais rien reçu. Amer constat ! Je me dis finalement qu’Emmaüs ne fait pas mieux que Tereos dans le domaine des valeurs !  Annus mirabilis !