Rosetta, l’enchanteresse

Le couple de l’année 2014, c’est, pour moi, la sonde européenne Rosetta et son atterrisseur Philae. Tous deux nous ont émerveillés ce 12 novembre dernier. Lancée le 2 mars 2004, la sonde a parcouru 6,5 milliards de kilomètres, soit 18 kilomètres par seconde, frôlant trois fois la Terre, pour mieux s’élancer, croisant deux astéroïdes avant de déposer ce robot d’un quintal, bardé d’instruments sophistiqués, sur cette comète, à la forme d’une patate de glace d’environ 4 kilomètres sur 5, qui renferme bien des secrets de notre système solaire. En effet l’eau à l’état de glace et les molécules n’ont pas été transformées durant 4,5 milliards d’années. En ce siècle par bien des aspects désenchanteurs, marqué par des changements brutaux, l’accélération du temps et un regard trop centré sur le court terme, l’éphémère, le rendement immédiat, cet événement aura été l’un des plus enchanteurs de l’année. Il est le fruit de ce que l’homme peut produire de meilleur mêlant patience et passion, ingéniosité et ambition, comme ces bâtisseurs qui, au Moyen Age, ont construit les cathédrales sur parfois plus d’un siècle ou ces navigateurs, tels Magellan ou Christophe Colomb, à la découverte de terres inconnues. Ou encore Champollion qui, au XIXème, a déchiffré les hiéroglyphes, et à qui l’on doit les noms de Rosetta (la pierre de Rosetta) et Philae, nom d’un obélisque. Rosetta nous relie à cette filiation prestigieuse, dans la vision sur le long terme et cette quête de la connaissance. L’Agence spatiale européenne (certes indépendante des institutions européennes) nous montre que le Vieux Continent peut parfois susciter d’ambitieux défis, comme ce projet concocté il y a plus de trois décennies, soit une éternité pour les hommes pressés que nous sommes devenus. Depuis Rosetta poursuit son périple autour de la comète et Philae s’est endormi mais pourrait se réveiller au printemps. Que 2015 nous émerveille !