Nouvelles solidarités

Le temps de l’Avent est souvent celui de la solidarité. En ces temps de crise, celle-ci est plus que jamais d’actualité. Au cours des six premiers mois de 2009, le Secours catholique a enregistré autant de demandes d’assistance que pendant toute l’année 2008. Il y a quelques semaines, à l’occasion des 60 ans d’Emmaüs, une responsable du logement social déclarait que la situation était pire qu’en 1954, lorsque l’abbé Pierre avait lancé son premier appel, tandis que le président d’Emmaüs International, Jean Rousseau faisait ce constat : « Tout a changé, rien n’a changé ».

Certes, en quelques décennies, le contexte est bien différent, mais les problèmes demeurent (mal-logement, sans abri, émiettement du corps social…) et de nouvelles solidarités émergent : entreprises d’insertion, commerce équitable, réseaux d’échange de savoirs, responsabilité sociale des entreprises, économie solidaire… C’est justement sur ce thème des nouvelles solidarités (annonciatrices d’un projet de société qui rassemble plutôt qu’il n’écrème ?) qu’ont planché récemment les 3 000 participants des Semaines Sociales de France, une organisation de chrétiens sociaux plus que centenaire, autour d’experts, d’acteurs sociaux et de politiques, mais aussi des femmes en situation vulnérable, membres d’ATD Quart Monde.

L’une de ces femmes dénonçait : « le regard des autres qui jugent » ; une autre ajoutait que « Pour être aidé, on est obligé de raconter notre vie tout le temps ». Pour le P. Étienne Grieu, jésuite, « Réinventer le vivre ensemble signifie s’engager sans conditions préalables, car, dit-il, on a tous une dette, notamment ceux qui ont beaucoup reçu, d’autant que les pauvres ont aussi quelque chose à donner ». Ce que formulait d’une autre manière le philosophe Emmanuel Levinas : « Je suis responsable d’autrui, sans attendre la réciproque, dût-il m’en coûter la vie. La réciproque, c’est son affaire ».