Mal-logement en campagne

Depuis 17 ans, comme chaque 1er février, – date anniversaire du fameux appel du fondateur d’Emmaüs sur les ondes de Radio Luxembourg -, la Fondation Abbé Pierre a remis vendredi dernier son rapport sur l’état du mal-logement en France. Et les nouvelles ne sont pas bonnes du fait de la crise et de la montée de la pauvreté et des précarités. Au total, selon la Fondation, plus de dix millions de personnes sont touchées d’une manière ou d’une autre par la crise du logement, certes dans les grandes villes, où la pression du marché immobilier est forte, mais aussi en milieu rural. On constate d’ailleurs une hausse importante des demandes d’aide auprès des Centres Communaux d’Aide Sociale dans les bourgs ruraux. En effet, comme il est devenu impossible pour des familles modestes de se loger dans des zones urbaines, beaucoup s’éloignent pour louer voire accéder à la propriété d’une maison individuelle dans les petites villes ou à la campagne. Certes les prix y sont beaucoup moins élevés, mais souvent les logements sont vétustes et les occupants n’ont pas toujours les moyens d’investir dans l’amélioration de l’habitat, notamment l’isolation. Dans ce contexte, les dépenses énergétiques et de transport se révèlent souvent plus élevées que prévu et beaucoup de nouveaux ruraux cumulent une situation d’endettement, le manque de confort de l’habitat et la précarité énergétique.

« Quand inégalités sociales et inégalités territoriales se télescopent, la situation devient particulièrement inquiétante », s’alarme la Fondation. Dans ce contexte, les larges attributions accordées au ministère de l’Egalité des territoires et du Logement, avec l’urbanisme, l’hébergement, le logement, les politiques d’aménagement du territoire et de la ville, sont une bonne chose pour les responsables de la Fondation. Mais que Madame Cécile Duflot ne s’enthousiasme pas trop de ce satisfecit, car le plus difficile reste à faire, tant l’ampleur de la tâche est considérable. (8 février 2013)