Le vertige de l’infiniment grand !

Bien sûr, il y a ces clichés de Notre Dame en flammes, de ces odieux bombardements du pauvre peuple kurde et des drames climatiques qui s’enchaînent, mais l’image que je retiens de 2019, comme un clin d’œil aux 50 ans des premiers pas de l’homme sur la Lune, c’est cette carte en 3D de la Voie Lactée, en forme de disque voilé et tordu, d’un diamètre de 500 000 années-lumière, et comprenant plus de 200 milliards d’étoiles.

Les rois mages, fins observateurs du ciel étoilé, considéraient, comme tous leurs contemporains, la Terre au centre de l’univers. Bien plus tard Copernic puis Galilée montreront qu’en fait la Terre tourne autour du Soleil. Au début du XIXème siècle, les astronomes découvriront l’existence de notre galaxie, la Voie Lactée, avec le Soleil éloignée en périphérie. Puis Hubble nous fera découvrir l’existence d’autres galaxies. Aujourd’hui elles se comptent en milliards, –  chacune contenant des centaines de milliards de Soleils -, dans cet univers visible qui ne représente que 0,5 % de sa totalité, soit 47,8 milliards années-lumière de visibilité, sachant que la vitesse de la lumière est de 300 000 kilomètres par seconde… Vertigineux ! « C’est à rendre fou », fait dire Gustave Flaubert à Bouvard observant le ciel à travers le télescope de la place Vendôme, dans Bouvard et Pécuchet.

Le ciel qui ressemble à une vaste toile d’araignées avec des galaxies tapies à la croisée des filaments recèle de mystères. Mystérieux et impressionnants trous noirs au centre des galaxies. Mystère des origines et du Big-Bang, de cette harmonie des lois de l’Univers et de cette beauté grandiose, sur fond de quête d’autres formes de vie. « Malgré toutes nos connaissances, nous ne savons pas de quoi est fait 95 % du contenu de l’Univers », reconnaît humblement l’astrophysicien Trinh Xuan Thuan. La Terre, qui se rapetisse dans un univers en expansion, semble si fragile et si vulnérable, et l’Homme, « poussières d’étoiles », paraît de plus en plus ancré dans le monde de l’infiniment petit. « Regardant les étoiles, je me pénètre de l’insignifiance des choses », écrivait Charles de Gaulle dans ses Mémoires.