Laïcité à la française

Depuis la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat, la France cultive sa singularité, le plus souvent incomprise par nos voisins européens, comme la polémique actuelle autour de l’affiche des Jeux Olympiques avec l’effacement de la croix sur le Dôme des Invalides. A l’opposition catholiques/laïcs, apaisée depuis des lustres, s’est substituée celle entre Islam et Laïcité, avec comme terrain de prédilection l’école : de l’affaire des foulards de Creil en 1989 jusqu’à l’interdiction récente des abayas, en passant par la décision en 2004 d’interdire les signes religieux ostensibles à l’école publique. Au cours de ces décennies, les tenants d’une laïcité tolérante et les défenseurs d’une laïcité intransigeante se sont déchirés sur fond d’épisodes terroristes et, parfois, de démagogie électoraliste.

Mais, malgré ses imperfections, la laïcité à la française, qui garantit la liberté de conscience, apparaît empreinte de sagesse lorsque l’on voit le rôle joué par les religions dans la vie politique d’autres pays et non des moindres. Ainsi aux Etats-Unis où les Evangélistes considèrent Donald Trump, qui, pourtant, n’a rien d’un père la vertu, comme l’élu de Dieu. En Russie, où le patriarche orthodoxe russe, Kirill, soutien inconditionnel de Poutine, compare l’offensive en Ukraine à une démarche de Rédemption. En Inde, où le Premier ministre, l’hindou Modi, multiplie les discriminations et les violences à l’encontre des musulmans. Et un peu partout dans le monde, où les islamistes radicaux sèment la terreur…

Dans ce contexte la France apparaît à contre-courant. Le constat que faisait Jérôme Fourquet dans L’Archipel français à savoir que « L’influence matricielle du catholicisme est véritablement en train de disparaître », est confirmé par le vote à près de 90 % des membres du Congrès en faveur de l’intégration de l’IVG dans la Constitution. Et même, dans les campagnes les plus traditionnellement catholiques, les églises souvent désertées appartiennent désormais plus au patrimoine culturel, – quand elles ne tombent pas en ruine -, qu’elles ne sont des lieux cultuels.