La bonté, ça se cultive

Comme antidote à la tristesse de l’actualité avec cette succession d’attentats, de crashs, de cyclones… je suis tombé ces derniers jours sur un réconfortant dossier du magazine La Vie (12-18 mars) : « Etre bon, ça fait du bien… ». Il y a deux ans, le moine bouddhiste, Matthieu Ricard, face à ce monde où l’on ne nous demande plus d’être bons, mais d’être efficaces, avait fait l’apologie de l’altruisme, dans un livre de 900 pages. Depuis des années, le botaniste Jean-Marie Pelt nous montre, à contre-courant de la darwiniste « loi de la jungle », la solidarité chez les plantes. Dans ce dossier de La Vie, on découvre le témoignage de Pierre Jouventin, ethnologue, qui a adopté une louve, soucieuse de la protection de sa famille adoptive comme elle le serait avec sa meute. On apprend aussi que les trop rares expériences de pédagogies coopératives dans les écoles favorisent l’apprentissage et augmentent le niveau moyen des élèves. On apprend encore grâce aux neurosciences, que, nous les humains, on peut s’entraîner à développer nos capacités à la compassion, comme on entretient sa mémoire. Bref, la bonté, cela s’apprend et cela se cultive, comme en témoigne ce prêtre, père blanc et anthropologue, Bernard Hugeux, auteur de La Compassion, j’y crois (Bayard), qui a pu expérimenter qu’en se détachant de son ego, on se prédispose à l’amour. « Je crois, précise-t-il, que la capacité d’amour de l’être humain est plus forte que tout, même si elle n’a pas la visibilité dont jouit la violence ». Le pape François, l’une des rares figures rebelles dans ce monde de brutes, n’a-t-il pas montré l’exemple en faisant visiter la semaine dernière la chapelle Sixtine à 150 SDF de Rome ! « Tous ceux que j’ai connus pour être vraiment heureux avaient appris comment servir les autres », avait déclaré, en 1935, Albert Schweitzer. Belle leçon, en ces temps où le printemps des bonnes nouvelles tardent à éclore !