« Brexit », un mal pour un bien ?

« Brexit » ou pas ? Les électeurs britanniques en décideront le 23 juin prochain. Reconnaissons toutefois que, depuis leur adhésion à la Communauté européenne en 1972, les Britanniques ont toujours eu un pied dedans et un pied dehors. Après avoir combattu la construction européenne de l’extérieur en créant l’Association européenne de libre échange pour contrer le Marché commun, ils l’ont miné de l’intérieur, ne prenant que ce qui les arrangeait, ne cessant de quémander clauses d’exception et dérogations : depuis James Callaghan refusant d’intégrer le Système monétaire européen jusqu’au récent chantage de David Cameron, en passant par Margaret Thatcher obtenant le rabais de sa contribution au budget européen, John Major mettant son veto à la candidature à la présidence de la Commission de Jean-Luc Dehaene, ancien premier ministre belge, jugé trop fédéraliste, et Tony Blair, qui, sous des allures d’europhile, contribua au détricotage de la PAC.
N’appartenant ni à la zone euro, ni à la zone Schengen, n’ayant pas signé la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, le Royaume Uni a toujours favorisé le processus d’élargissement pour éviter tout approfondissement. Au fond, les Britanniques ont fait de cette Union européenne une zone de libre-échange, pour les produits mais pas forcément pour les hommes, comme le montrent les récentes dérogations accordées à David Cameron à propos de la protection sociale des travailleurs venus de l’Est.
« Nous sommes du côté des Européens mais nous n’appartenons pas à l’Europe », avait prévenu, dès 1946, Churchill. De Gaulle, qui avait à deux reprises mis son veto à leur adhésion, l’avait bien compris. Alors un « Brexit » ne serait-il pas l’occasion pour les Européens (les Six des origines plus l’Espagne et le Portugal) d’une remise à plat d’une Europe en voie de décomposition, comme le montrent les actuels relents nationalistes face aux migrants ?