A bas le néolithique !

Il y a une certaine mode intellectuelle à dénoncer aujourd’hui la révolution néolithique, qui transforma les sociétés de chasseurs cueilleurs en une civilisation agricole et favorisa la sédentarité, le boom démographique, les premières cités et les premiers royaumes. Sans doute, a-t-elle également contribué au développement des inégalités, des guerres, des pandémies, de l’esclavage, mais aussi permis celui de l’écriture, de la philosophie, des arts… Révélateur de cet état d’esprit, le succès mondial de Sapiens – Une brève histoire de l’humanité, un best-seller traduit en une trentaine de langues, dans lequel l’auteur, un historien israélien, bouddhiste et végétalien, Yuval Noah Harari, décrit les moteurs du développement humain depuis la Préhistoire jusqu’à  cette domination sans partage des Homo Sapiens sur la planète.

Il consacre un long chapitre à  la révolution agricole qu’il considère comme « la plus grande escroquerie de l’histoire ». Il explique que les chasseurs-cueilleurs vivaient mieux, avaient une alimentation plus équilibrée et une vie pleine de sens. Il considère que ce sont les plantes qui domestiquèrent l’Homo Sapiens, plutôt que l’inverse. Bill Gates et Mark Zuckerberg, patrons de Microsoft et de Facebook, ont dit tout le bien qu’il pensait de ce livre. Est-ce un hasard ?

Car, paradoxalement, ces réflexions, qui nous rendraient presque nostalgiques du bon vieux temps des chasseurs-cueilleurs, arrivent au moment où l’on semble entrer dans une nouvelle ère (où, peut-être les formes d’agriculture que nous connaissons aujourd’hui vont disparaître ?), quittant définitivement cette société post-néolithique. C’est d’ailleurs le thème du dernier livre de cet auteur, Homo Deus, une brève histoire de l’avenir sur fond de quête d’immortalité et de transhumanisme, d’intelligence artificielle et de manipulations génétiques. « L’Histoire, écrit Harari dans Sapiens, commença quand les humains ont inventé les dieux. Elle s’achèvera quand ils deviendront des dieux ».