Heureux comme Dieu en France

Il y a tant de raisons de désespérer, dans ce monde qui accumule les tristes nouvelles, dans cette société qui s’invente des stars qui n’ont rien à nous dire, qu’il faut de temps en temps savoir s’émerveiller sur l’essentiel. La semaine dernière, à deux reprises, je fus émerveillé pour mon pays. D’abord avec l’entrée au Panthéon de ces quatre figures marquantes de la Résistance : l’ethnologue Germaine Tillion, l’ex-présidente d’ATD Quart-Monde, Geneviève de Gaulle Anthonioz, le journaliste, Pierre Brossolette, et le ministre de l’Education nationale du Front populaire, Jean Zay. Quatre parcours divers qui témoignent de ce qu’il y a de meilleur en l’homme.
Souvent, comme beaucoup de gens qui n’ont pas connu cette tragique période, je m’interroge : « qu’aurais-tu fait alors ? », avant de me demander : « et que fais-tu aujourd’hui ? ». Car ne sommes-nous pas si peu « résistants » lorsque nous affichons une certaine indifférence devant l’accueil des naufragés de Lampedusa, le massacre des chrétiens d’Orient ou l’extrême pauvreté des laissés pour compte de nos sociétés… Le courage de ces résistants nous revient alors en pleine figure comme une salutaire leçon d’humilité.
Le lendemain, France 2 proposait l’émission Des paroles et des actes, pour une fois sans invités politiques. Si les témoignages de ces acteurs de la société civile partaient parfois dans tous les sens, la somme donnait une certaine idée de la France d’aujourd’hui, de ses atouts nombreux qu’on a tendance à négliger. Il y eut notamment cette émouvante déclaration d’amour à notre pays du journaliste britannique vivant en France, Alex Taylor, qui, craignant que la Grande-Bretagne ne quitte l’Union européenne, a demandé la nationalité française. Je repensais alors à cette formule des Juifs ashkénazes d’Europe centrale au 19ème siècle « Heureux comme Dieu en France », comme un salut au pays qui, le premier, avait décrété l’émancipation des Juifs. Bref, ces derniers jours, j’étais fier d’être français !