Euro-foot en zone euro

Hasard des circonstances ? Au moment où l’Italie sortait l’Allemagne de l’Euro de football, les chefs de gouvernement des deux pays finalistes (Espagne et Italie) obtenaient d’Angela Merkel quelques concessions pour mieux se protéger des attaques des marchés financiers. Madrid bénéficiait du soutien du mécanisme européen de stabilité pour recapitaliser ses banques en difficultés et Rome décrochait une intervention du fonds de secours pour racheter sa dette. Les bourses repartaient à la hausse, les marchés s’apaisaient, les taux d’intérêt baissaient et les commentateurs évoquaient « une avancée majeure pour la zone euro ». La détermination de Mario Monti et Mariano Rajoy à Bruxelles croisait celle des nouveaux gladiateurs du stade, les Xavi et Pirlo. Beaucoup dans les pays du Sud de l’Europe, notamment les Grecs, voyaient dans la sortie de l’Allemagne, une forme de revanche, tendant ainsi à prouver que jeux du stade, jeux spéculatifs, enjeux géopolitiques s’entremêlent intimement.

Ce qui n’est pas nouveau. On se souvient de l’enjeu idéologique des Jeux Olympiques de Berlin en 1936, de la rivalité américano-soviétique au moment de la guerre froide pour le plus grand nombre de médailles olympiques ou, plus récemment, de l’émergence de pays comme la Chine. Depuis la mondialisation des grands événements sportifs, les afflux financiers sont de plus en plus colossaux. Désormais l’on gère une équipe de foot comme une entreprise et l’on attire les investisseurs comme les joueurs. Les grands événements sportifs sont pour leurs organisateurs une vitrine de communication.

Sous la Rome antique, les empereurs proposaient du pain et des jeux du cirque pour s’attirer la bienveillance des peuples. Dans l’économie moderne, les jeux du cirque devenus jeux du stade semblent avoir, du moins en terme de communication, nettement supplanté le pain et les produits de l’agriculture, en cet été si riche en événements sportifs.