Annus horribilis : premier épisode

Il est temps que l’année 2014 se termine. Annus horribilis, pour ce qui me concerne, sur le plan professionnel. Pourtant tout avait bien commencé. A peine, venais-je de remettre un manuscrit qu’un mail d’une agence me proposait d’écrire un livre sur le groupe coopératif sucrier Tereos. C’était fin février et l’on me proposait de rendre le manuscrit fin juin. Je dus freiner les ardeurs des promoteurs de ce projet ; un livre ne se fait pas en trois mois ! Mais quand on est indépendant dans une conjoncture si morose, on ne joue pas les finasseurs. Je rencontre les responsables de l’agence et le directeur de la communication du groupe. Je déclare mon enthousiasme pour le projet. Les premiers contacts sont positifs. On me fournit des tas de documents et on me demande de préparer un synopsis et un échéancier. Je prévois sept à huit mois pour l’enquête, les entretiens et l’écriture. Dans les semaines qui suivent, je travaille ardemment sur ce projet. Au bout des deux mois, sans nouvelles de mes interlocuteurs, j’appelle la personne en charge du dossier au sein de l’agence qui me répond : « Pas de soucis ; allez-y ; j’ai programmé le budget pour le second semestre ; quant au contrat, on verra avec Tereos fin juin, lorsque les assemblées générales locales seront terminées, ils seront plus disponibles ». Fin juin, toujours sans nouvelles, je décide d’appeler le directeur de la communication de Tereos, qui m’annonce sereinement que, depuis deux mois, le projet a été ajourné, faute de temps disponible de sa part. Il ajoute qu’il a prévenu l’agence dès que la décision a été prise. Furieux, j’appelle aussitôt mon interlocutrice à l’agence qui me répond : première nouvelle… Depuis je n’ai reçu aucun appel ni de l’agence, ni de l’entreprise. J’avais demandé que l’on me rémunère les deux mois de travail et les frais de déplacement, mais chacun des deux s’est contenté de rejeter la responsabilité sur l’autre. Pendant des mois, j’allais me retrouver bredouille, sans projets rémunérateurs, sans filet de sécurité, sans syndicat pour me défendre. Il n’y a pas d’indemnités chômage pour les auteurs indépendants. C’est travaille ou crève ! Et l’URSSAF vous attend au tournant, ne vous laissant le choix qu’entre  établir un échéancier (mais quand on n’a aucune perspective !), attendre l’huissier ou demander le RSA… Impitoyable monde de l’entreprise ! Annus mirabilis !