On le constate de jour en jour, la Covid 19 accentue les tendances passées, notamment en matière d’accroissement des inégalités et de développement de la pauvreté. En France, le nombre de bénéficiaires du RSA a augmenté de 10 % en 2020 et, selon les associations caritatives, on compte un million de pauvres en plus. Le monde rural n’échappe pas à cette précarisation croissante, même si l’on dispose de peu d’indicateurs.
En 2009, un rapport de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) et du CGAAER (Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux) avait mis en évidence ce fait que dans toutes les régions, pauvres ou riches, les taux de pauvreté les plus élevés sont ceux des zones rurales. Mais cette pauvreté dans les campagnes, dont on ne parle guère, est silencieuse car plus diffuse, moins visible. Les personnes en précarité qu’il s’agisse de familles monoparentales ou néo-rurales, de jeunes ou d’exploitants agricoles en difficulté, n’osent souvent pas engager de démarches d’assistance par peur d’être stigmatisés. Il existe une forme de pudeur dans un environnement où la valeur du travail est très forte et la demande d’assistanat pas toujours bien vue. D’ailleurs le recours aux prestations sociales y est moindre qu’en milieu urbain.
Pourtant les difficultés y sont aggravées par l’éloignement et la dispersion géographique qui ne facilitent pas la mobilité et l’accès aux soins. Le parc de logements est plus ancien, et donc plus dégradé, d’où cette précarité énergétique. Qui plus est l’encadrement social y est bien moindre. Les solidarités traditionnelles qui existaient dans les campagnes depuis le Moyen-Age s’étiolent face à un isolement social grandissant, tandis que les associations caritatives sont mieux adaptées aux besoins des villes, et que les services sociaux ont fait les frais de la rigueur budgétaire passée. Enfin, trop souvent dans les communes rurales, le budget des CCAS (Centres communaux d’action sociale) est essentiellement consacré à l’organisation du repas de Noël du troisième âge !