Fabuleuse aventure que l’histoire des migrations que propose le musée de l’Homme à Paris dans une exposition temporaire Migrations, une odyssée humaine (1). L’on y découvre combien les migrations sont constitutives de notre histoire et pourquoi la mobilité est indispensable au maintien de la vie sur Terre. Depuis que les premiers hominidés ont quitté le berceau africain, il y a plus d’un million d’années, et que nos ancêtres Homo-Sapiens sont arrivés en Europe, il y a entre 50 000 et 70 000 ans, invasions, conquêtes, expéditions, croisades… se sont multipliés, avec cette constante que les humains qui se déplaçaient transportaient un peu de leur environnement : plantes, animaux domestiques, connaissances, savoir-faire… Ainsi, après la révolution néolithique dans le Croissant fertile, les agropastoraux migrants du Proche-Orient nous ont apporté blés, orge, chèvres, moutons, bovins… mais aussi la céramique et la consommation de lait. Ils mettront près de cinq millénaires pour atteindre la France, au rythme de 60 kilomètres par génération.
C’est dire combien notre alimentation est le reflet des migrations. Ainsi le piment d’Espelette, symbole du Pays basque, épice originaire d’Amérique centrale, aujourd’hui AOP, a été rapportée par Christophe Colomb. Ou encore, la fraise de Plougastel, fierté de la Bretagne, nous vient du Chili lorsque le botaniste voyageur Frézier a rapporté en 1714 quelques pieds de grosses fraises blanches du Chili, qui ont été croisés avec d’autres variétés ramenées d’Amérique du Nord par Jacques Cartier. Quant au cassoulet, plat à forte identité culturelle, il est confectionné à la fin du Moyen-Age avec des fèves originaires d’Asie puis remplacer par le haricot venu d’Amérique centrale. Et ne parlons pas, en ces temps de Noël, du Christmas Pudding, dessert emblématique outre-Manche, fruit d’une mondialisation de l’alimentation, car constituée de rhum jamaïcain, de raisins secs d’Australie, de sucre des Antilles, de cannelle de Ceylan, de clous de girofle de Zanzibar, d’épices d’Inde, de brandy de Chypre…
1/ jusqu’au 8 juin 2025.