Les 50 ans de la Hulotte

En ces temps si pleins d’incertitudes et d’angoisse, le besoin de s’émerveiller se fait d’autant plus sentir. Et quoi de plus bel émerveillement que cette nature printanière avec l’arrivée des hirondelles, le chant des oiseaux, la forêt qui se réveille… Par temps de pluie, on peut aussi se plonger dans La Hulotte, « le journal le plus lu dans les terriers », qui vient de fêter ses 50 ans. Une revue pas tout à fait comme les autres, conçue pour les enfants mais qui, comme le journal de Tintin, s’adresse aux 7 à 77 ans, voire plus ! La Hulotte, c’est aussi une belle histoire, celle de Pierre Déom, un instituteur ardennais, qui trouvait à l’école les sciences naturelles barbantes, fils d’ouvrier agricole, bagueur d’oiseaux, passionné par la nature, inspiré par le braconnier solognot Raboliot (personnage d’un roman de Maurice Genevoix), et qui, au début des années 1970 participe à la création de clubs de protection de la nature dans les écoles des Ardennes, et se propose de s’occuper du bulletin de liaison. Les clubs vont disparaître, mais le périodique va connaître le succès.

Depuis 1972, cette revue diffuse entre un et deux numéros par an à 150 000 abonnés (dans 70 pays). Au total, 113 numéros, avec chacun un thème qui va de la coccinelle aux sept points à le mulette perrière. Pierre Déom qui, dès le second numéro, a démissionné de l’Education nationale, est l’auteur des textes et des dessins. L’élaboration d’un numéro lui nécessite 1 500 heures de travail, parfois plus.

La recette du succès tient dans l’obsession de s’adresser au plus grand nombre avec une écriture simple, un contenu rigoureux allié à l’humour et un ton espiègle, le tout accompagné de magnifiques dessins. A chaque numéro, on est ébloui de découvrir à travers une espèce, qui apparaît banale au premier abord, une histoire formidable. Nul doute que la Hulotte aura suscité bien des vocations au cours des cinq dernières décennies. Il y a quelques années, l’ancien directeur du Muséum d’Histoire naturelle et membre de l’Institut, Jean Dorst avouait que l’on apprenait plus avec la Hulotte que dans de pesants traités.