L’épicerie du monde

Des routes de la soie aux comptoirs coloniaux, en passant par la route des épices puis les expéditions de Christophe Colomb…, les produits agricoles se sont échangés depuis l’Antiquité. Pour les produits alimentaires transformés, la mondialisation est plus récente comme le montre L’épicerie du monde – la mondialisation par les produits alimentaires du XVIIIème siècle à nos jours (1), savoureux ouvrage qui accueille les contributions de plus de 80 historiens sur des thèmes qui vont du curry aux frites, en passant par le cassoulet, la vanille, le parmesan, le chili con carne ou le sushi.

On y découvre le rôle joué par le piment dans la culture révolutionnaire chinoise. On y apprend que le poivre fut l’un des premiers produits mondialisés, que le ketchup, l’un des symboles de l’américanisation, est aujourd’hui confectionné en grande partie avec des tomates chinoises, et que le Coca Cola, autre symbole américain, a investi l’Europe avec l’armée américaine, lors de la Seconde guerre mondiale. Eisenhower tout comme les généraux Patton et Bradley l’appréciaient particulièrement. On savait que Churchill avait un faible pour le whisky, mais on découvre que l’ancien premier ministre britannique l’a découvert en Inde. « L’eau était imbuvable. Pour la rendre agréable au goût, nous devions ajouter du whisky. A force j’ai appris à l’aimer », dira-t-il.

En cette période de Noël, parmi les nombreuses entrées du livre, attardons-nous sur deux produits phares. D’abord le Christmas Pudding, ce dessert emblématique de Noël outre-manche symbolise à lui seul cette mondialisation des produits alimentaires, car composé de rhum jamaïcain, de raisins secs d’Australie, de sucre des Antilles, de cannelle de Ceylan, de clous de girofle de Zanzibar, d’épices d’Inde et de brandy de Chypre. Qui plus est, il fut inventé par un Français, Henri Cédard, alors chef de la cuisine royale d’Angleterre. Quant au Champagne, symbole du raffinement, il envahira ambassades et chancelleries, grâce à un réseau animé par des négociants souvent allemands comme Bollinger, Heidsieck, Mumm…, permettant son rayonnement dans le monde entier.

1/ L’épicerie du monde – sous la direction de Pierre Singaravélou et Sylvain Venayre – 429 pages -Fayard – 25€.