La JAC (Jeunesse agricole catholique) ainsi que sa déclinaison féminine (JACF) ont profondément marqué toute une génération d’agriculteurs, celle de Michel Debatisse et de Raymond Lacombe.
Créée en 1929 en vue de « réenchanter les campagnes », la JAC, qui ne cesse d’accroître son influence dans la période d’entre-deux guerres, connaîtra son apogée en mai 1950, quand, durant trois jours, 70 000 jacistes investissent le Parc des Princes. La France Agricole annonce l’événement ainsi : « A présent, c’est toute la jeunesse rurale qui monte et cette montée se traduit par un désir d’apprendre, de s’instruire, de se perfectionner techniquement et socialement que l’on ne rencontre nulle part ailleurs avec autant d’intensité… Ils (ces jacistes) révéleront aux Parisiens qu’ils n’ont rien de commun avec l’image fausse qu’ils se font d’eux de paysans rustauds, ignares et rétrogrades » La semaine suivante la FA titre en une : Plus de 70 000 jeunes ruraux décident de bâtir un monde nouveau. « De nos campagnes de France, un grand courant d’air pur a soufflé sur Paris, écrit le journaliste, qui note la présence du Président du Conseil, des musiciens de la Garde républicaine et d’une trentaine d’évêques et de cardinaux. Entre des moments de folklore et la construction d’un village burlesque, les jacistes débattent de thèmes comme l’enseignement, la situation des femmes, l’amélioration de l’habitat et de l’équipement rural. De ces débats émanent souvent des critiques sur l’esprit paternaliste de la génération précédente.
Au début des Trente Glorieuses, la JAC tentera d’associer humanisme chrétien et modernisation de l’agriculture, « La charité doit se faire technicienne », dira l’un de ses responsables, René Colson, avec ce souci récurrent d’ouverture sur le monde et d’éducation populaire. « La JAC et la JACF veulent rendre les jeunes toujours plus conscients, intelligents et actifs en face de la vie, note le 3 août 1961, la journaliste de la FA, Anne Vedel qui décrit la vie harassante au quotidien de deux responsables nationaux qui avouent : « C’est un rythme de travail auquel nous n’étions pas habitués ».
Le 4 janvier 1962, la FA annonce que la JAC devient l’une des branches de l’Union Rurale de la Jeunesse Catholique, au côté des ouvriers ruraux et des artisans-commerçants. Trois ans plus tard, la JAC est dissoute et remplacée par le Mouvement rural de la jeunesse catholique (MRJC), tandis que ses anciens responsables prennent le pouvoir au sein des organisations agricoles. C’est sur cette génération de responsables, formés à la JAC, que s’appuiera Edgard Pisani, alors ministre de l’Agriculture, pour faire passer les lois d’orientation agricole.