D’un tour de la France à l’autre…

En 1877 était publié le Tour de la France par deux enfants d’Augustine Fouilliée, manuel scolaire avec ses cartes Vidal-Lablache, ses héros français et sa morale républicaine : devoir et patrie, mais aussi travail et épargne. Le livre fut un best-seller : plus de 7 millions d’exemplaires vendus en moins de 30 ans ! C’est sur les traces des frères Volden que Pierre et Philibert (1), deux jeunes adultes, nés en 1991, ont emprunté sensiblement le même parcours, non plus à pied ou en carriole, mais en vieille 204 de 40 ans d’âge, à vélo ou en covoiturage via BlaBlaCar. La France de 1877 était une France agricole et artisanale, on y évoque brièvement Le Creusot et ses fonderies et la manufacture de Saint Etienne. La France de Pierre Adrian et Philibert Humm, tous deux journalistes, est post-industrielle. On y croise des viticulteurs bios et des électeurs qui vont voter sans conviction, des centre villes qui perdent leurs commerces et des entrées de villes hideuses, la Bourgogne nostalgique d’Henri Vincenot et le Marseille de Plus belle la vie, les descendants des résistants de l’Ile de Sein et les ancêtres zadistes de Plogoff, un ancien gardien de phare et des nouveaux métiers qui ne se racontent pas…

En 1877, Julien Volden s’exclamait dans une envolée cocardière: « N’aimez-vous pas la France ? Oh moi, de tout mon cœur j’aime la France ». Nos deux journalistes disent partager ce sentiment mais, plus nuancé, d’un amour imparfait, inégale, inachevé. « Nous avons traversé une France découpée en deux mondes : celui des jeunes, celui des vieux », notent les deux compères, avant d’ajouter : « La France n’allait pas fort, c’est vrai. Mais elle n’allait pas trop mal non plus. Pour son âge, je la trouvais même plutôt bien conservée. » Comme pour nous rassurer que leur voyage n’était pas un dernier inventaire avant liquidation !

  • Le Tour de la France par deux enfants d’aujourd’hui – Pierre Adrian et Philibert Humm –Equateurs Littérature – 20 €