Bel exemple d’intégration !

Je m’apprêtais à  traiter dans ce billet de la grogne des maires ruraux, quand, le week-end dernier, j’ai eu l’occasion de voir un remarquable documentaire : Un paese di Calabria (un village de Calabre). Ce film de Shu Aiello et Catherine Catela raconte l’histoire de Riace, qui, comme beaucoup de villages du sud de l’Italie, a subi un exode rural massif. Un jour, c’était il y a plus de vingt ans, échoue sur la plage un bateau transportant 200 Kurdes fuyant la Turquie. Spontanément la population de Riace, le village le plus proche de la plage accroché à  la montagne, avec ses paysages sublimes d’orangeraies, a accueilli cette nouvelle population. A l’époque, c’est Forza Italia (le parti de Silvio Berlusconi) qui administre le village, mais un conseiller d’opposition, Domenico Lucano, réussit à convaincre le conseil municipal de positiver l’accueil. Aux élections suivantes, il est élu maire et l’est depuis plus de 16 ans, signe qu’une grande partie de la population partage son choix, loin d’être évident au départ !

Après les Kurdes, ce furent des Soudanais, puis de nombreuses autres nationalités. Tous ne vont pas rester, mais le village désormais revit. Les maisons abandonnées au lierre ont été réhabilitées, le commerce est relancé et l’avenir de l’école n’est plus compromis. Riace compte aujourd’hui 2 100 habitants contre 900, vingt ans plus tôt, et près de 22 nationalités qui semblent vivre plutôt harmonieusement. Dans cette culture méditerranéenne de religiosité populaire, l’église est devenue un lieu de rencontres ouvert à tous. Le curé est formidable, tout comme l’institutrice à  la retraite qui donne des cours d’alphabétisation. Un tourisme solidaire s’est installé. Et quelques villages voisins s’inspirent de l’exemple de Riace, malgré les difficultés, mais loin des clichés qui alimentent dans bien d’autres contrées ce climat délétère autour des migrants. Entre l’exil passé des Calabrais, notamment vers la France, et l’arrivée de ces nouvelles populations, l’on découvre aussi que nous sommes en fait tous des migrants !