Au cul des vaches

Jusqu’alors les candidats à la présidentielle avaient fait preuve d’une grande discrétion sur les problèmes agricoles. Avec l’ouverture du salon de l’Agriculture, les campagnes s’invitent enfin dans la campagne (électorale). Tout candidat à la présidentielle se doit en effet de visiter le salon. C’est un point de passage obligé, qu’ils aiment ou pas, qu’ils aient un ancrage dans ce milieu, comme François Bayrou, ou pas, ce qui est désormais le cas de la plupart des autres candidats. Il y a ceux qui sont plutôt à l’aise, tel Jacques Chirac. Durant sa longue carrière, en digne héritier d’Henri Queuille, il ne manquera le salon qu’à deux reprises pour des raisons de santé. D’autres y trouvent moins de bonheur. François Mitterrand n’y viendra qu’en tant que candidat en février 1981. On se souvient aussi d’Édouard Balladur, à la caresse ovine aussi retenue que maladroite, de Dominique Voynet accueillie sous une pluie de tomates en 1999 ou de Nicolas Sarkozy lâchant en 2008 à un quidam qui lui refuse la poignée de mains un « casse-toi pauv’ c… ».

Héritage d’une tradition politique inaugurée sous la Troisième République lorsque l’agriculture était majoritaire, le salon demeure plus que jamais un rite incontournable pour le microcosme politique. A tel point qu’on mesure désormais le temps passé par les candidats dans les allées de la Porte de Versailles : quatre heures pour Nicolas Sarkozy, sept heures pour François Bayrou, dix heures pour François Hollande… Un temps consacré par chacun des candidats au salon inversement proportionnel à leur poids électoral dans le milieu agricole ! Il sera néanmoins difficile pour l’élu corrézien de rattraper son retard. Drôle de République tout de même, surtout si la fin du salon, qui permet d’évoquer une fois l’an les questions agricoles dans les médias grand-public, signe la fin des préoccupations ruralistes des candidats à la présidentielle !