« Un peu partout on a l’impression générale de fatigue, de vieillissement d’une Europe grand-mère et non plus féconde et vivante », déclarait, le 25 novembre 2014, le pape François à la tribune du Parlement européen. Face aux basculements géopolitiques, à la montée des périls, qui mettent à mal ce qui constituait le socle post Seconde guerre mondiale, cette vieille Europe gangrénée, saura-t-elle, se métamorphoser en puissance alternative, féconde et vivante ? Il est vrai que l’Europe dispose d’atouts. La sociologue Dominique Méda écrivait récemment dans Le Monde : « L’UE apparaît soudainement comme une présence familière, rassurante, protectrice ». De son côté, Dominique de Villepin, dans un essai aux accents gaulliens, publié par la revue de géopolitique Le Grand Continent et titré Le pouvoir de dire non, constatait « L’heure de l’Europe a sonné. L’Europe est l’antidote qui nous permet d’espérer en un monde raisonnablement sûr… L’Europe a vocation à devenir une puissance d’équilibre dans le monde, capable de proposer un modèle alternatif aux impérialismes agressifs. »
L’Europe est à la croisée des chemins. Du Marché unique à la guerre en Ukraine, en passant par le Brexit, les réformes de la PAC, les crises financières et les endettements…, ce titre a été employé d’innombrables fois (il suffit de le taper sur les moteurs de recherche Internet). Mais, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, l’enjeu n’a jamais été aussi vital. Elle ne doit pas manquer ce rendez-vous avec l’Histoire, en renouant avec l’audace de ses fondateurs. Pour autant, saura-t-elle surmonter ses divisions politiques ? Alors que des pays européens comme la Belgique à la suite du Danemark, viennent de confirmer l’achat d’avions F 35 américains, ce qui amenait Dominique de Villepin (dans le texte déjà cité) à souligner le paradoxe danois « qui pourrait voir ses avions cloués au sol en cas d’invasion du Groenland » !